PARCE QUE QUAND ON EST ACCROC, MÊME SI ÇA FAIT MAL... PARFOIS ÇA FAIT ENCORE PLUS MAL DE DÉCROCHER

Ils se connaissent depuis deux ans maintenant. Lorsque Shane s'est engagée dans l'armée elle a d'abord été affecté à la base de Sydney, en tant que Brigadier. Pendant un an donc elle n'avait aucune connaissance de l'existence de Jazz. Jusqu'à ce fameux jour, alors que les entrainements étaient organisé en extérieur et qu'il fut son instructeur. Que dire de ce premier contact. Sa première impression fut qu'il était vraiment canon mais aussi qu'il cachait son jeu, elle a toujours eu cette capacité à cerner les gens rapidement, et avec lui elle n'y parvenait pas, ce qui l'agaçait particulièrement. Elle l'observait énormément, devenant rapidement la risée de ses camarades féminines, ce qui eut pour simple effet de l'agacer un peu plus, elle s'était toujours mieux entendu avec les gars et cela ne l'aidait en rien à se faire des amies filles. Quoi qu'il en soit, après une année passé entre occupations dans la base et entrainements elle fut enfin promu au grade de second lieutenant. Un grade qu'elle méritait et qu'elle voulait absolument obtenir, son esprit de compétition la poussant dans ce sens depuis son arrivée à la base.

« Major Osborne, deux nouveaux officiers viennent d’être affecté à votre unité. Le lieutenant Bowen, et le second lieutenant Blackwell. » Et merde, voilà que j’allais devoir bosser avec ce type. Comme si j’avais besoin de ça. Pourtant il faudra bien que je me taise, il est mon supérieur direct et si je l’ouvre je risque d’avoir des problèmes. « Lieutenants, suivez moi. » Même pas un bonjour ou un bienvenue dans l’équipe, super l’ambiance… Et puis où est-ce qu’il nous emmène encore. « Bowen et Blackwell, voici les gars, Davis et Lowne. Faites donc connaissance pendant que je récupère vos dossiers. » A peine arrivé déjà parti. Il ne me plait pas ce type, trop sur de lui, il croit vraiment que personne ne le contredirait, pff il va pas déçu. 

Le première entrainement en tant qu’équipe est décisif, c’est là que l’on voit si l’alchimie opère, si nos hommes sont capables d’obéir, de prendre des initiatives tout en ne mettant ni leur vie, ni celles de leurs coéquipiers en danger.  En voyant cette fille débarquer dans l’équipe j’aurais du me douter que cela n’irait pas. Lorsqu’on m’a remis son dossier, l’un des instructeurs m’avait pourtant mis en garde, surtout se méfier d’elle, de son impulsivité, et de son insolence, j’aurais sans doute du écouter plutôt que de lui laisser le bénéfice du doute. « BLACKWELL ! » J'avançais droit vers elle, nous étions en plein entrainement, un exercice indispensable avant que nous ne soyons envoyé sur le terrain. « Qu’est-ce que tu fous, reviens là ! » Elle n'écoutait rien, j'arrivais finalement derrière elle, l'attrapant par le col je la ramenais à couvert, la balançant sans ménagement contre les sacs de sable. « QUOI ?! C’est quoi ton problème ! » Je sentais que j'allais perdre mon sang froid, faisant signe à l'officier plus loin, celui ci arrêta directement la simulation. Je me relevais, rangeant mon arme. « Restez à votre place Lieutenant ! Vous avez agi sans réfléchir aux conséquences et vous avez mis votre vie et celles de vos équipiez en danger, vous êtes suspendu pour insubordination et refus d’obéir à votre supérieur. Sortez de mon camp immédiatement. » Il était hors de question que je laisse cette fille gâcher nos missions, mettre nos vie en danger. « Mais je… c’est injuste… » Je n'écoutais pas, attrapant son arme, je la prenais, lui désignant la sortie d'un simple geste. « DEHORS ! » Je retournais auprès de mes hommes, la rage au ventre et l'envie de frapper dans ce que je trouverais. « Jazz… tu y as peut être été un peu fort. » Je me tournais vers mon ami, mon regard suffisant à lui démontrer qu'il n'était pas nécessaire d'en parler. « Tu veux aller avec elle, Lowne ? » Le silence se fit alors que je quittais le terrain.

Elle resta à la base lors de notre première mission en Irak. Elle m'en voulait je le savais, mais cela m'importait peu, il était hors de question que je laisse une irresponsable nous accompagner sur le terrain. A notre retour, elle était transformée, je n'aurais su dire si c'était un bien ou un mal, mais toujours est-il que c'est cela qui lui permis de réintégrer mon unité, de partir avec nous lors de notre seconde mission. « LOWNE ! Il est touché vite ! » Davis était au dessus de moi, je venais de me prendre une balle, et pourquoi ? Pour éviter qu'elle ne se la prenne... elle était resté à découvert trop longtemps, elle le savait très bien. Nous fumes rapatrier d'urgence avant d'être renvoyé en Australie. « Euh… salut. » Je baissais les yeux sur elle, Shane, je ne la considérais pas comme responsable elle oui de toute évidence. « Comment ça va ? Les médecins m’ont dit que tu pourras bientôt sortir. » Je restais silencieux, l'observant alors qu'elle n'attendait qu'une chose, pouvoir repartir, je savais combien cela lui coûter d'être "gentille" avec moi... mais surtout elle se rendait compte que malgré nos différents, j'étais prêt à risquer ma vie pour la sienne. « Je sors demain. Mais nous ne repartirons pas en mission jusqu’à la fin de ma convalescence. » Elle se dirigeait déjà vers la porte, alors que je me demandais ce qu'elle était vraiment venu faire là. « Merci… pour... » Je fermais les yeux, prêt à me rendormir, et elle comprit qu'il était temps pour elle de partir.

Un bar, voilà tout ce que j’avais trouvé pour noyer mon chagrin, oui parce que ma blessure m’empêchait de repartir sur le terrain, que l’on m’avait donné un « congé » de neuf mois, sans même me demander mon avis. Mes hommes resteraient à la base, ou auraient le droit de rejoindre leurs familles, d’après ce que j’avais compris. Je savais que Lowne et Davis partiraient retrouver leurs familles, les deux autres, je n’en savais rien. « Pas très original… » Je relevais la tête, me retrouvant nez à nez avec Shane. Je soupirais. « Quoi ? » Elle s’asseyait déjà à côté de moi. « Seul au bar, à boire pour oublier… pas très original. » Je finissais mon verre, je n’avais aucune envie de l’écouter, mais je n’avais aucune envie d’être seul. « Je suppose que tu aurais trouvé bien mieux... ah non attends, tu es là aussi... » Mon propre agacement me sautait aux yeux et avant que je n’eus le temps de réagir, nous étions arrivé dans les toilettes de ce bar miteux. Cette nuit là, ce fut que du sexe, quelque chose d’incontrôlé, ne reposant que sur l’attirance, peut être sur notre aversion l’un pour l’autre également, allez savoir.

C'était il y a deux mois, nous nous sommes revu une fois à la base, faisant comme si de rien était, nourrissant une aversion sans doute encore plus forte l'un pour l'autre, totalement irraisonnée, nous ne connaissions que cela, nous détester est plus facile que d'affronter la vérité.

« Salut… » J'allais donc savoir qui est cette fameuse partenaire que l'on m'avait attribué. « Salut, Jazz. » Je me retournais prêt à lui tendre la main quand je vis son visage, quelle merde ! « TOI ?! Non c'est pas possible... pitié ! » J'arrivais pas à le croire, je me retrouvais donc à devoir supporter celle qui passait son temps à me pourrir la vie depuis cinq ans ! « Mais qu'est ce que tu fous là d'abord ?! Manquait plus que ça... » Elle ouvrait déjà de grands yeux, son sourire s’était élargi également. « Quoi ? Tu n'es pas heureux de me voir ? Comme c'est étrange... » Je savais déjà que je venais de me mettre dans un sacré pétrin… Son ton ironique ne fit que m'énerver un peu plus... décidément la vie nous réserve de sacrée surprises, pas vrai ?!