Assis au comptoir du bistrot de l'hôtel, Valentin réfléchissait. Que faisait-il ici ? Pourquoi cet hôtel n'était pas ce qu'il semblait-être, hein ? Il passait ses journées avec un type particulièrement collant et chiant, Armand. Ce mec était à peine majeur et pourtant il ne se lassait pas d'inculquer sa science relativement bidon à son ainé, qui lui, en avait foutrement rien à faire. Alors il passait son temps à maugréer, à boire, à essayer d'oublier sa présence ici. Il se bourrait la gueule continuellement, enchainant verre sur verre, joint sur joint, cacheton sur cacheton. C'était une routine qui, insidieusement, coulait le long de ses veines, l'obligeant à déconner, peut-être pour mieux exister. Il ne savait même pas l'heure qu'il était présentement. Ce qu'il savait, c'était que l'heure s'avérait propice pour picoler, encore. Ses yeux vides se posèrent rapidement sur une horloge accrochée non loin de là. 23H30. Pas vraiment tard. Le morpion devait l'attendre dans la chambre, se demandant où son « prince charming » était. Il pouvait pas se trouvait un mec de son âge le lardon ?

Au fur à mesure que la soirée passait, les yeux de Valentin devinrent de plus en plus vitreux, un rire incontrôlable s'échappant parfois d'entre ses lèvres. Il balaya la pièce de son regard, avant de poser ses yeux sur une jeune fille posée non loin de lui, sur une table, elle aussi plongée en pleine ivresse à ce qu'il paraissait. Il ne savait plus vraiment ce qu'il voyait de toute manière... D'un pas conquérant, il essaya de s'extirper de sa chaise haute, avant de parvenir plus ou moins difficilement à marcher vers la demoiselle, deux verres dans les mains, le sien, et l'autre pour elle. Il était galant et de bonne humeur, et puis avec la thune qu'il possédait, ce n'était rien de moins qu'une façon d'alléger un tant soit peu son compte bancaire bien trop rempli. « Bonsoir mademoiselle ! Je vous offre un verre ? » Sur ce, il prit place en face d'elle, lui donnant le verre de champagne qu'il tenait, en espérant qu'elle aimait ça, au risque de devoir le boire pour son propre compte. Il plongea ses yeux dans les siens, avant d'étaler un sourire charmeur sur ses lèvres. « Pourrais-je savoir votre prénom ? Moi je m'appelle Valentin, à votre service. » Il aimait ça. Charmer, quand bien même il n'était absolument pas intéressé. Pas qu'elle n'était pas jolie, au contraire. C'était juste une fille, voilà le seul problème. « Je sais pas vous, mais je trouve cet endroit flippant. »

N'aimant pas beaucoup cet endroit sans liberté et devant sans cesse me trimballer ce boulet donneur de leçon, je m'adonnais, en soirée à mon activité favorite. A savoir : boire jusqu'à n'en plus pouvoir. J'avoue que, en réalité, même si je n'avais pas été dans cet hôtel de misère, je serais quand même accoudée au bar, la clope à la main à cette heure-ci ou bien en train de danser ivre morte au milieu d'une quelconque piste de danse n'attendant qu'une chose : qu'un mec me trouve assez stone pour m'emmener chez lui. Boire était une chose assez divertissante. En effet, c'est une expérience scientifique hors paire. Au début, clean, bien que je ne le sois qu'extrêmement rarement étant donné mes nombreuses addictions, nous tenons debout, fièrement en buvant cul sec notre boisson de prédilection, généralement corsée. Mais après, bien après, quand la soirée touche à sa fin et que nous en savons plus très bien ni comment nous nous appelons ni combien de verres nous avons bu, nous ne savons ni marcher, ni articuler une phrase correcte. En réalité, je pense que c'est notre instinct animal qui doit prendre le relais à ce moment-là étant donné que la plupart du temps, le lendemain matin, nous nous levons dans un lit étranger au nôtre à côté d'un homme, d'une femme ou parfois de plusieurs d'entre eux avec qui, naturellement, nous avons couché. Je pense qu'un jour quelqu'un devrait faire une thèse de doctorat là-dessus, tient ! Le sujet s'avèrerait fort intéressant.

Bref, ma journée ayant été désastreuse, comme chaque jour, je me retrouvai au bar de l'hôtel où j'ignorais ce que je venais faire. Un rendez-vous avec un bel inconnu avec qui tu seras compatible, mes fesses, oui ! Plutôt un endroit chiant où je me creuse la tête pour savoir comment en sortir ou comment dégouter d'avantage mon soit disant partenaire. Mes idées d'ordinaire déjà noire, s'assombrirent d'avantage au fur et à mesure que mon verre se vidait et se remplissait à nouveau. J'en vins même, à un moment à tenter de planifier le meurtre de mon partenaire mais étant donné que mes idées n'étaient plus claire, l'opération s'avéra extrêmement périlleuse et je finis par abandonner. Au je sais plus quantième verre, les choses commencèrent à tourner autour de moi et soudain, je ris, j'éclatai de rire serait plus exact. D'un fou rire dont je ne pus momentanément plus m'arrêter. J'en vins même aux larmes. Vu le vacarme que je devais faire, un homme, que je ne distinguai pas bien s'avança vers moi. Il semblait avoir deux têtes distinctes mais jumelles. Mon fou rire s'intensifia. « Bonsoir mademoiselle ! Je vous offre un verre ? » Sans même prendre la peine de répondre, j'attrapai le verre de champagne et le bu cul sec, ivre d'alcool et de rire. « Pourrais-je savoir votre prénom ? Moi je m'appelle Valentin, à votre service. » « Didons, toi, tu serais pas en train de me draguer. J'pas envie de dire mon prénom. OOOOOH, VALENTIIIIIN ! Comme la St-Valentin ! Quelle fête atroce ! Tu devrais avoir honte de t'appeler comme ça. Enfin moi, j'aurais vachement honte ! ». Sur ce, je tombai de ma chaise en cassant un verre au passage. Puis je me relevai tant bien que mal, le menton sur la table et les bras aussi, à genoux par terre. Comme s'il était coupable de ma chutte, j'ajoutais : « Ca va, ca va, t'as gagné ! Je m'appelle... Je m'appelle... Aller ! Ca commence par un M... MAGDA ! C'est ça, MAGDA ! ». Je parvins, dieu sait comment, à, enfin, me rasseoir.« Je sais pas vous, mais je trouve cet endroit flippant. » « Flippant ? NOOOOOOOOON, juste ennuyeux, personne ne semble décider à coucher avec moi dans cet hôtel, c'est nul ! »